La Rose de personne
(acier, tourbe, roses éternelles 60x200cm, hauteur environ 75 cm parterre de pétales de roses éternelles 60x200cm / Psaume : impression en estampage, papier Bianco 350g, version française et allemande, 32X45cm)
Chapelle Saint-Aubin, Biennale d'Autun, festival international d'art sacré contemporain 15 juillet-3 août 2023
Photographie Quentin Mura-Todesco
La rose de personne, est une installation (ses dimensions correspondent à celle du brancard Si tu meurs je te tue I) constituée de terreau, de roses et de pétales de roses, accompagnée du poème Psaume de P. Celan. Celui-ci est mis en exergue dans un tirage 30x45 cm effectué avec la technique du débossage.
La rose en tant que métaphore loin d'être figée dans un seul signifié, subit, au fil des poèmes, une série de métamorphoses, un glissement progressif des significations La « Rose de Personne » avant d’être qualifiée de « rose de rien », deviendra finalement la « rose de personne » (avec un p minuscule). Roses à tous. Tous. Toute l'humanité. L'existence de la rose chez le poète ne tient plus que reliée à l’absence, au vide (cette rose était désespérément la rose d’un pourquoi, de quelque chose, de quelqu’un. Une question sous-jacente obsédante et permanente : après Auschwitz que reste-il ?).
La rose dont la floraison fugace et si fragile s'apparente à une sorte de négatif (problématique centrale de mon travail : la trace en creux, l’effacement voire la disparition des corps, le négatif/positif de l’empreinte physique et photographique, ce qui reste, disparait, nous échappe). Elle s’ouvre lentement tête à l’envers dans ce fragment de terre arraché à son écorce, suspendu dans les airs. La terre est l’espace duquel peut renaître une nouvelle végétation, une rose encore, en gestation perpétuelle. Espace ouvert à la vie. Celle en train de se vivre, jamais arrêtée. Espace du devenir. Espace en devenir dans l’œuvre (« l’œuvrer » du terreau fertile et du végétal). Le travail du temps s’ouvre en espace fleuri délicat, éphémère. Comme toutes les roses elles finissent effeuillées formant au sol un tapis de pétales, seule trace de leur passage. L’avant, le présent et l’avenir dits ensemble. La mémoire convoquée, le devenir engagé.
Il n’y a ni gravité, ni même regret dans ce constat des (du) temps dans mon travail mais un désir farouche de résistance à l’inquiétude fébrile provoquée par l’incertitude, la fragilité et le précaire du « là ».
S’entêter à faire contrepoids à cette ombre omniprésente. Toujours.
Judith Avenel, 2021
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