Au départ je cherchais un lieu pour pouvoir travailler.

Monsieur le Maire de Cenon (Gironde), Alain David, accepta de me laisser les clefs de l'école primaire Camille Maumey avant qu'elle ne soit détruite en juillet 2012. Le premier élève y rentra en 1893.

Pendant 7 mois (décembre 2011 à juillet 2012), je me retrouvais seule dans cette école "fantôme", dans des salles de classes désertes, silencieuses mais bruyantes du passage des enfants. Dans l'une d'elles, une affiche d'une exposition agrafée au mur : "Eloge de l'ombre", dans une autre des cahiers d'écriture laissés au sol, là des silhouettes d'enfants peintes au mur, une peluche abandonnée, des prénoms, beaucoup de prénoms, des photographies, l'empreinte de mains de quelques élèves, des petites chaises empilées.

J'ai passé beaucoup de temps à regarder, déambuler dans chacun des espaces de l'école, à enregistrer des images, collecter des cahiers, des photographies. A enregistrer du son aussi : le mur mitoyen de l'école donnait sur celui d'une autre école bien habitée celle là par les enfants. L'ambiance sonore de sa cour arrivait dans les espaces vides que j'occupais par écho.

 Ce passage éphémère a inéluctablement fait basculer mon travail vers un projet artistique toujours en friche, mêlant photographies, sculptures, vidéos, bandes sonores, et installations (une trentaine de petites chaises récupérées dans l'école, entre autres).

 Le temps de cette "résidence solitaire" dans l'école, j'ai demandé à mes enfants (ils étaient à ce moment là eux-mêmes en école primaire) de se déguiser et les ai photographiés découvrant ce lieu très vite devenu pour eux un espace de jeu idéal (voir Un silence bruyant II)

Faire contrepoids aux ombres

Encore et toujours.

 

J'appris plus tard que cette école fut la première construite dans le bas Cenon. Son nom porte celui d'un instituteur qui cacha pendant la deuxième guerre mondiale des enfants juifs. Il était encore en activité professionnelle quand il a été fusillé le 24 octobre 1941 par les nazis.

 

Les photos qui suivent doivent être considérées comme une collecte, matière première au dispositif de l'exposition Un silence bruyant. Eloge de l'ombre. (restait inachevée, photos, son, vidéo,  installation -mobilier, cahiers, sculptures, textes écrits)

Réserves